Hier et avant-hier, j’ai vu passer des articles tous plus déprimants les uns que les autres.

L’un annonçait que nous étions peut-être entrés dans la troisième guerre mondiale, l’autre que la France était la cible numéro 1 des terroristes et que “le pire était à venir”. J’ai même vu passer un autre article dont le titre annonçait que Daesh envisageait une apocalypse nucléaire sur nos tronches mais je n’ai pas cliqué, de peur de sombrer irrémédiablement dans une profonde dépression.

Hier, je me suis souvenu de ces pensées ridicules qui m’avaient traversé l’esprit quand, il y a quelques mois, à la lecture d’articles du même genre, je m’étais demandé ce que je ferais si nous nous retrouvions plongés en pleine guerre.

Et, puisque je n’ai pas peur du ridicule, je vais vous livrer ces pensées.

J’ai pensé à ces mouvements de “survivalistes” qui sont très en vogue aux Etats-Unis. A ces gens qui se préparent quasi quotidiennement à vivre le pire et à savoir comment y survivre. Saviez-vous qu’il existe même des shows télévisés qui sont consacrés au sujet et dans lesquels on vous explique ce qu’il faut stocker, en quelle quantité il faut le faire, comment identifier ce qui est comestible dans la nature,  comment flinguer son voisin si celui-ci s’approche de trop près de vos vivres, etc …

J’ai pensé que j’aurais probablement l’air d’un con, moi qui n’ai jamais eu, de ma vie, à tuer un animal pour le manger, moi qui sais à peine différencier une groseille d’une baie qui te refile la diarrhée du siècle,  moi qui ne sais allumer un feu qu’avec un briquet, moi qui m’amuse des exploits de Bear Grylls dans Seul face à la nature … si nous devions survivre sans le confort moderne et la sécurité auxquels nous étions si habitués.

J’ai même pensé à regarder sur Amazon si Bear Grylls avait édité un bouquin pour les nuls comme moi … tiens, il me faudrait aussi une radio qui se recharge avec une manivelle … et puis de quoi filtrer les eaux stagnantes pour ne pas crever de soif … il faut que je stocke de la farine et du sucre aussi, non ? … rah merde, je ne sais pas …

J’ai pensé à cette vidéo qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux et dans laquelle on voit une petite fille fêter son anniversaire puis évoluer au fil du temps, changer physiquement, dans un pays en guerre.

J’ai pensé à mes filles.

J’ai pensé à mes filles puis j’ai pensé à ma mère qui avait leur âge quand elle a connu la deuxième guerre mondiale.

J’ai pensé au fait qu’elle l’avait non seulement vécue mais vue prendre fin, qu’elle était devenue femme, avait donné naissance à plein d’enfants, profitait aujourd’hui d’une vie heureuse même si elle se plaignait de plus en plus souvent des cons qu’elle supporte de moins en moins.

J’ai pensé que mes filles aussi ne supporteraient sûrement pas bien  les cons quand elles auront son âge.

Notamment ceux qui s’amusent à jouer avec la corde sensible de la peur sur leurs contemporains. Ceux qui, sous prétexte de faire du clic ou de vendre des journaux, ne trouvent rien de mieux à faire que d’écrire des articles aux titres et aux contenus alarmistes.

J’ai décidé de repousser à plus tard ma commande du manuel de Bear Grylls et de PENSER à ne plus tomber dans le pièges des articles “putes à clics”.

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