Moi qui ai grandi sur les côtes normandes, bercé par les récits du débarquement et des « libérateurs venus sauver le monde », moi qui ai toujours été bien plus fasciné par les cours d’histoire consacrés aux deux grandes guerres mondiales que par ceux qui consistaient à énumérer les rois et les empereurs, je me réveille après une nuit complète, reposante et insouciante, et j’entends à la radio qu’un homme a décidé d’envahir un pays voisin, décidé d’envoyer son peuple se battre et décidé de menacer quiconque s’opposerait à son choix destructeur au risque de faire basculer le monde dans ce que l’humain a commis de pire, dans ce que l’humain a subi de pire… ah non, pardon, au-delà de tout cela puisqu’il va même jusqu’à menacer implicitement d’utiliser l’arme nucléaire.
Je suis de cette génération qui n’a jamais connu la France en temps de guerre mondiale.
De cette génération qui écoutait, plus ou moins patiemment, ses aïeux leur raconter à quel point la guerre les avait marqués ; Qui se moquait même d’eux et de certains réflexes solidement ancrés comme celui de ne jamais gâcher la moindre miette de nourriture, de toujours avoir quelques réserves de produits de base dans les placards, de préférer le durable au jetable pour ce qui est de s’équiper, de vivre dans la permanence du « au cas où »…
Je suis de cette génération qui pensait que l’histoire rimait avec mémoire et que l’humain était capable de ne pas reproduire indéfiniment les mêmes err(hor)eurs.
Aujourd’hui, je me demande comment je protégerais au mieux mes proches si, demain, nous basculions dans cette troisième guerre mondiale dont le curseur de probabilité vient de passer du stade « très hypothétique » à « beaucoup moins hypothétique ».
Je ne peux empêcher mon cerveau de réfléchir aux meilleurs moyens d’anticiper la survie dans un monde en crise, de protéger mes proches, de m’adapter à une période à laquelle rien ne m’aura préparé.
En me réveillant, je me suis retrouvé happé par les informations et je ne sais pas encore si je vais réussir à m’en décrocher car j’ai peur de ne pas être à la hauteur de cette noirceur qui nous menace.
Les premiers mots qui me sont venus en tête furent « c’est donc ainsi que commencent les guerres… »
Le réveil est brutal.
Je me sens moins seule à te lire et je ne sais pas si je dois trouver cela rassurant ou non. Je suis sidérée également et je me demande ce qu’il fera après l’Ukraine, car je ne doute pas qu’il veuille en rester là de son invasion.
Je me suis surprise, devant des images qui m’ont mis les larmes aux yeux, à me demander ce qu’on emportait dans cette situation et ça a entraîné un chaos encore plus grand dans ma tête.
Aujourd’hui je vais essayer de prendre de la distance avec les RS et les médias pour ma “santé mentale” car dans mon boulot le Covid n’a pas disparu.
Prends soin de toi Till <3